Ouvert tous les jours de 11h à 19h — Entrée gratuite —  Infos pratiques 
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CATAKIT

Actualité d'artiste

Catakit — Marie Havel

Du 18 juin 2023 au 31 décembre 2024

Musée de Vassogne

2 rue de la Croix — 02160 Vassogne

+33 (0)3 23 25 97 02

Communiqué

Dans cette série, des paysages miniatures prennent place dans différentes boîtes utilitaires. 

Certaines, récupérées dans des surplus militaire, sont des caisses à outils de l’armée française dont les fonctions initiales sont variables, choisies pour leur aspect et leur usure, volontairement préservés au cours du processus créatif. Sur ces dernières nous pouvons ainsi lire différentes inscriptions relatives à leur origine, leur conférant un surplus d’histoire et laissant ainsi entrevoir une forte notion de réappropriation, de reconstruction dans ce travail de création, s’inscrivant tout particulièrement dans l’ensemble de ma démarche artistique. 

D’autres sont des caisses à outils neuves, choisies pour l’évidence formelle de leur fonction et pour laisser davantage de place à l’idée d’un monde à faire naître, à construire, tranchant avec l’aspect extérieur lisse de ces réceptacles.

D’autres encore sont des boîtes sous verre dormant, normalement destinées à contenir un équipement d’urgence (clé, outils spécifiques, haches, extincteurs…) dont le contenu ne doit être extrait qu’en dernier recours, généralement par les secours en brisant le verre prévu à cet effet à l’aide d’un marteau qui lui est rattaché. Comme tous les équipements d’urgence qui doivent être et sont particulièrement visibles par leur couleur rouge vif notamment, ces boîtes sont cependant et en particulier dans les lieux d’exposition généralement disposées dans des recoins, des espaces ignorés. Nous devons noter leur présence mais les oublier dans le même temps. Il s’agit alors d’introduire dans ces boîtes, en lieu et place d’un équipement d’urgence, des paysages miniatures à la végétation luxuriante, foisonnante, une végétation fantasmée à l’apparence fantastique, onirique, presque enfantine tel un paradis perdu. Des lieux rêvés, des oasis miniatures presque accessibles, protégés par leur vitre, à percevoir alors comme des instruments de secours, des échappatoires naturels, nécessaires, ultimes, salvateurs. Des petites boîtes d’urgence qui cette fois peuvent intriguer et questionner en étant présentées non pas dans des recoins mais très visiblement à notre regard. Des paysages et une végétation dont il est nécessaire d’envisager l’urgence de la préservation et qui sont aussi notre seul recours en cas d’urgence.

La nature de l’objet détermine ainsi la lecture du paysage qu’il contient même si dans chacune invariablement, les paysages qui s’y trouvent sont ceux de ruines, fantastiques, magnifiées, presque jouables, tant inspirés de paysages réels que de jeux vidéos d’aventures ou de jeux de plateaux, de jeux de rôles, appuyant vers un imaginaire où la ruine et sa végétation se veulent des constructions foisonnantes, riches, fabuleuses. 

Ces paysages se découvrant à l’ouverture d’objets métalliques rudes, à la charge évocatrice très forte lorsqu’ils sont fermés, apparaissent tels des trésors, capable de réparer, de panser les blessures, d’enjoliver le souvenir, la mémoire de ce qui fut, de ce qui a disparu, d’imaginer ce qui pourrait être, figé dans une forme d’onirisme enfantin. Une dimension manipulable, ludique, d’un paysage autrement peut-être trop vaste, trop dur. Des paysages comme des outils à notre échelle, dont on peut se servir, se saisir. Des paysages figés en mouvement, entre ruine saisissante et chantier de rénovation, entre reconstitution de paysages réels et son prolongement vers l’imaginaire. 

Le choix des boîtes ; à outils ou sous verre dormant accueillant également un outil ou matériau d’urgence ; n’est ainsi pas anodin, il s’agit là sans doute de pouvoir trimballer avec soi des paysages réparés par le temps qui les a rendus si désirables aux yeux des générations qui ont grandi, poussé sur des ruines et dont l’imaginaire s’est forgé grâce à elles. Dans certaines de ces scènes se déploient tant des miniatures de différents outils et objets du quotidien, scènes domestiques, qu’une nature exacerbée, à emporter avec soi toujours, capable d’agir tel un catakit. Des fragments de paysages vifs à une échelle manipulable, envisageable que l’on souhaite conserver, chérir presque. Des paysage comme des outils magnifiés, manipulables, transportables, opérants.