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Love Me Tender

Actualité d'artiste

Shuo Hao

Du 13 avril au 27 mai 2023

Galerie Derouillon

13, rue Turbigo — 75002 Paris

+33 (0)9 80 62 92 65

Communiqué

Le mage Virgile aurait, selon une légende médiévale, inventé un lion-automate capable de détecter les mensonges de ceux qui s’aventureraient à mettre leur main dans sa gueule, en particulier des femmes adultères à qui il trancherait les doigts. La légende de la Bocca della Verità est reprise par Cranach l’Ancien comme une illustration du jeu vil de l’amour.
Une femme accusée d’infidélité par son époux jaloux est conduite devant un lion, incarnant la Bouche de la Vérité, pour être interrogée en présence de témoins. Ayant déguisé son amant en fou et se laissant toucher par lui devant toute l’assemblée, elle jure sans mentir que personne, à part son mari et ce fou, ne l’a jamais touchée. Ainsi retire-t-elle sa main de la bouche du lion, saine et sauve.

Shuo Hao offre dans “Love Me Tender” une version plus ambiguë et plus complexe de la Bouche de la Vérité. Au dualisme occidental qui oppose et hiérarchise, elle préfère penser deux parties complémentaires d’un tout, un yin et yang entre le fauve et l’humain. On ne cherche plus à savoir qui ment, qui punir, mais on parle depuis la blessure et explore les ambiguïtés inhérentes à cette histoire d’amour. Shuo Hao nous entraîne dans une étreinte féroce où l’on ne discerne plus les corps, seulement les forces de la relation, faisant sonner le titre de l’exposition d’une pointe d’ironie.

A quel endroit le soin rejoint-il la violence ? Pour Shuo Hao, la violence et la tendresse sont les revers d’une même médaille. Les pointes de rouge de ses toiles relèvent la menace constante de la souffrance dans ces relations amoureuses. Les gueules ouvertes cernées de rouge encerclent des visages qui semblent s’y blottir, le liseret de sang s’évanouit dans un souffle chaud. Parmi les lacérations rouges, surgit une main écarlate qui devient une présence obsédante. La main fautive soumise à la gueule du lion laisserait place à celle du peintre, affirmée et centrale. La touche de Shuo Hao est également dans cette série plus visible et plus instinctive, voulant peindre comme un lion dévore sa proie. Si les corps figurés se troublent voire disparaissent, c’est pour nous laisser en présence directe du geste incarné car “le peintre apporte son propre corps”. (Paul Valéry)

Marion Coindeau

Mes oreilles sont des coquillages blancs
Mes yeux sont des raisins noirs
Mon cœur est un lapin rouge
Rebondis sur l’assiette
Tu as passé un dîner merveilleux

Après minuit
Mon corps repoussera encore
Chaque jour
Je t’offre des plats différents

Un nouveau menu pour demain :
Mes bras seront des ailes
Voler dans ton corps
Juste pour étreindre ton cœur

Shuo Hao