Ouvert tous les jours de 11h à 19h — Entrée libre —  Infos pratiques 
Tous les jours 11h>19h – Gratuit –  Infos pratiques 

Haroum

17 octobre — 4 janvier 2026

Elika Hedayat
Commissariat Valentina Ulisse

« Dans les mondes foisonnants qui s’y forment, je vois des jeux de ficelles »
Donna Haraway, Vivre avec le trouble

 

Dans plusieurs ouvrages de la littérature perse écrits entre le Xe et le XIIe siècle, Haroum est décrite comme une ville gouvernée par des femmes savantes, qui vivent en égalité et en paix avec l’environnement. Libres et indépendantes, elles semblent faire écho aux Amazones, femmes guerrières de la mythologie gréco-romaine, devenues un symbole de l’émancipation des femmes et de l’égalité des sexes.

Dans ces anciennes épopées perses, animaux et créatures imaginaires occupent une place remarquable et, en constante alliance avec les humains, contribuent à brouiller les frontières existantes entre les genres et entre les espèces. Simorgh, par exemple, oiseau longévif à la connaissance inestimable, est un personnage central et métamorphique, créature ni féminine ni masculine.

Pour donner forme à sa propre vision de Haroum, l’artiste Elika Hedayat a souhaité mêler les références comme dans un « jeu de ficelles » fait de tours et d’écheveaux, proche de la « fabulation spéculative » de Donna Haraway.

Elle s’est nourrie autant de la littérature mythique de l’Iran, son pays natal, que de la littérature de science-fiction féministe et écologique contemporaine, tout en prenant comme fondement des théories scientifiques transdisciplinaires autour d’une idée de symbiose qui s’étend du vivant au technologique.

Aux tonalités fantastiques, son récit n’oublie pourtant pas l’actualité et les luttes des femmes iraniennes aujourd’hui. Elles sont constamment évoquées par l’artiste à travers l’utilisation de cheveux noirs (matières vivantes), de prises et de câbles ­(éléments technologiques).

Se faufilant dans l’espace, ces filaments qui relient et connectent organismes et territoires se libèrent des constrictions et des pouvoirs. Ce sont les cyborgs, des présences-guides dans la narration. Leur intervention est discrète mais rhizomique : elles sont au cœur de l’évolution culturelle féministe et symbiotique de Haroum, qu’Elika Hedayat envisage comme une ville du futur.

L’exposition pensée pour le Drawing Lab se veut une découverte de ce monde encore en construction. Dans les œuvres de l’artiste, Haroum apparaît comme une ville-laboratoire, en état embryonnaire ou au stade de maquette. Inspirées de la lecture de Vinciane Despret et des ingénieries animales observées par la théroarchitecture, ces élévations montrent un art de l’édification qui n’est plus uniquement humaine, mais interespèce.

Ses habitant•x, créatures mystérieuses et tentaculaires, surgissent autant sur des dessins muraux que dans des installations immersives, voire « abyssales ». Ici, l’artiste fait converger la vidéo d’animation avec la tradition du Pardeh Kahni (récit du rideau) – ancienne forme de storytelling en Iran, où le conteur lit et narre les épopées figurées sur des toiles peintes.

Le format de l’archive est aussi activé et rendu dynamique : l’artiste y donne sa propre interprétation de l’histoire, de la fiction et de la science. Des pensées arborescentes, où les formes d’expression débordent des catégories littéraires humaines, constituent une collection de chroniques, matériaux, personnages et voix à l’origine de cette interprétation contemporaine de Haroum.

En employant plusieurs techniques et expérimentations artistiques, Elika Hedayat interprète le dessin sous des formes multiples et montre les différentes possibilités de le « mettre en mouvement ».

Par un lignage de métamorphoses, le trait d’un croquis devient la ligne d’un modèle numérique et enfin le filament dynamique d’une impression 3D.

Par un processus d’hybridation, toute forme – sujets et paysages – est constamment prise dans un va-et-vient de conversions réciproques.

Par un jeu de traduction, l’écriture se mute en image pour se faire ensuite récit oral.

 

Valentina Ulisse
Commissaire de l'exposition

 

#HAROUM

10.	Elika Hedayat, Haroum #11, 66 x 74 cm, crayons et aquarelles sur papier, 2025. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Aline Vidal.

Elika Hedayat, Haroum #11, 2025, 66 x 74 cm, crayons et aquarelles sur papier.
Courtesy de l’artiste et de la Galerie Aline Vidal.

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L'artiste

Portrait Elika Hedayat © Ashkan Noroozkhani

© Ashkan Noroozkhani

Elika Hedayat

Née à Téhéran (Iran) en 1979, vit et travaille à Paris

Après des études de communication visuelle à l'Université publique d’Art de Téhéran, elle arrive en France en 2004. Elle est ensuite admise à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier d’Annette Messager, d’où elle sort avec les Félicitations du Jury en 2008. Elle intègre par la suite Le Fresnoy, le studio national des arts contemporains à Tourcoing. Son travail a été montré dans plusieurs expositions personnelles et collectives en France, en Iran, aux États-Unis et en Corée du Sud, entre autres. Sa dernière exposition personnelle, « Les dépossédés » s’est tenue en 2023 au Centre d’Art de Malakoff, sous le commissariat de Françoise Docquiert. Ses œuvres ont rejoint les collections de plusieurs institutions privées et publiques dont le FRAC Picardie, le Fonds d'art contemporain - Paris Collections, le CNAP et le MAC VAL.

Elika Hedayat est représentée en France par la Galerie Aline Vidal (Paris).

Dans l’œuvre d’Elika Hedayat, réalité, mémoire et imaginaire s’entrelacent. Tous les médiums — dessins, peintures, vidéos, films, installations, performances… — sont mobilisés pour raconter un monde en plein bouleversement, où le quotidien bascule dans le rêve. L’ensemble de sa production revisite des références historiques, qu’elle transpose dans le champ de l’expérience personnelle ou de la fiction. Ses scénarios sont peuplés à la fois de références réelles et politiques, de paysages fantastiques, et de personnages oniriques, mi-humains, mi-animaux, mi-végétaux, en constante métamorphose.

La commissaire

Portrait Valentina Ulisse © Senda Studio

© Senda Studio

Valentina Ulisse

Née à Rome (Italie) en 1993, vit et travaille à Paris.

Valentina Ulisse mène plusieurs activités dans le commissariat d’exposition, la recherche, l’écriture et la médiation. Elle s’est formée à l’histoire de l’art et au commissariat d’exposition à l’Université La Sapienza (Rome) et à la Sorbonne (Paris). Elle a été commissaire d’exposition associée pour la saison hors les murs 2023-2024 du CAC Brétigny et assiste la galeriste Aline Vidal avec qui elle a organisé « De(s)rives », projet curatorial expérimentant le format de l’exposition en dehors des contextes artistiques traditionnels. Récemment, elle a curaté « La Mort, Le Mat, Le Monde », exposition inspirée du Tarot de Marseille, qui a inauguré la saison 2025 du 6b (Saint-Denis).

Elle est membre du C-E-A, Association française des commissaires d’exposition.

Dans son travail de commissaire d’exposition, Valentina Ulisse s’inspire de narrations qui refusent les conventions imposées par notre société capitaliste, occidentalo-centrée, patriarcale et hétéronormée. Elle enquête sur la création de nouvelles fictions contemporaines qui s’inspirent de la SFFF (science-fiction, fantasy et fantastique), du folklore, de la fable et des légendes.

L'univers de l'artiste