L’intimité des temps

Du 22 novembre 2025 au 12 avril 2026, le centre d’art contemporain Les Tanneries présente L’intimité des temps, une exposition personnelle de Claire Trotignon dans le cadre de la Saison 8ter du cycle Nos Maisons Apparentées. À travers dessins, collages et installations, l’artiste compose des paysages suspendus entre ruine et construction, où la mémoire des formes dialogue avec l’espace architectural des Tanneries.

Depuis une quinzaine d’années, Claire Trotignon développe un travail précis et poétique autour des notions de structure, de fragment et de trace. À partir d’images gravées issues de manuels d’architecture ou d’encyclopédies anciennes, elle assemble des compositions minutieuses où les éléments architecturaux se recomposent en topographies incertaines, sans échelle stable ni horizon défini. Ces collages, souvent rehaussés de lavis, de traits de gouache ou d’aplats colorés, évoquent la cartographie, l’archéologie ou la mémoire des territoires.

Ses installations prolongent ces recherches dans l’espace réel : des structures de bois, d’acier ou de plâtre y instaurent un équilibre précaire entre construction et effondrement, mémoire et disparition.

« Je prends un grand plaisir à déconstruire des éléments du réel pour les réactiver sous d’autres formes, comme si chaque fragments nous projetait simultanément dans le sillage de son passé et nous proposait un futur, j’y vois un phénomène prismatique », explique Claire Trotignon. L’artiste, qui plus jeune à longtemps exploré les recoins d’un théâtre à l’italienne, constate que ses dessins « ont certainement hérité de cette temporalité suspendue, cet entre-deux actes dans lequel [elle] aime à convoquer une certaine poétique de l’espace ».

Présentée simultanément à Shooting Star de Boris Chouvellon dans la Grande Halle, L’intimité des tempss’inscrit dans le cycle Nos Maisons Apparentées, qui explore les correspondances entre œuvres et espaces. Les deux artistes partagent un intérêt pour la matière, la mémoire et les lieux de transition, mais chacun en déploie une vision singulière : là où Boris Chouvellon fait surgir la poésie des ruines industrielles, Claire Trotignon révèle la délicatesse des constructions intérieures, les architectures mentales et sensibles du souvenir.

Depuis leur ouverture en 2016, Les Tanneries abritent une programmation exigeante et ouverte, où dialoguent générations, disciplines et échelles d’intervention. Labellisé Centre d’art contemporain d’intérêt national, le lieu déploie dans sa Grande Halle, sa Galerie Haute et son parc des expositions qui font d’Amilly un territoire de résonances et d’expérimentations artistiques au long cours.